Il y a des peurs d’enfance que l’on porte sans comprendre.
Elles surgissent sans avertir, nichées dans un tronc creux, un silence, un lieu oublié.
Et parfois, elles ne nous appartiennent pas. Elles sont l’écho d’une mémoire transgénérationnelle, transmise sans mots, inscrite dans l’âme.
Aujourd’hui, je vous partage une de ces peurs-là. Une mémoire d’enfance, enfouie, qui a refait surface des années plus tard… au détour d’une simple vidéo.
Inspirée par une vidéo avec Marc Gray et David Bouquet sur l’effacement de la mémoire entre les incarnations, je partage un souvenir marquant de mon enfance.
Ma sœur et moi passions de longues journées dans la voiture, attendant que nos parents finissent leur travail dans les vignes de Vitis Parc. Nous nous occupions en lisant, dessinant, faisant semblant de conduire, ou en nous chamaillant.
En général, cela ne posait aucun problème, sauf lorsqu’ils garaient la voiture près d’une rangée de vieux châtaigniers au tronc creux. À chaque fois, je me mettais à hurler, complètement terrifiée.
Il faut dire que laisser deux jeunes enfants seuls dans une voiture pendant des heures, c’est comme mettre deux chats dans une boîte : ça se chamaille, ça se tape dessus, et ça finit toujours par des larmes. Surtout quand l’un des deux, moi en l’occurrence, est convaincu que les arbres creux à côté de la voiture sont habités par des monstres mangeurs d’enfants.
La terreur des châtaigniers
Je me souviens encore de la terreur que m’inspiraient ces vieux châtaigniers. Chaque fois que nos parents garaient la voiture à côté, je me mettais à hurler à pleins poumons, complètement terrifiée. Ma sœur, plus rationnelle, levait les yeux au ciel en se demandant ce qui n’allait pas chez moi. Quant à moi, j’étais persuadée que des créatures, que j’appelais les « cabournes », se cachaient dans ces arbres et attendaient le bon moment pour nous croquer.
Les cabournes : une peur "inexpliquée"
J’avais à peine six ou sept ans, et lorsque ma mère qui accourait me demandait ce qui me terrifiait tant, je balbutiais quelque chose comme : « les cabournes mangent les enfants ». Ma mère, érudite et curieuse, ne connaissait pas ce terme et me questionnait souvent à ce sujet. Pourtant, les années passèrent et ma peur des vieux châtaigniers aux troncs creux ne s’estompa jamais. Personne ne connaissait la signification du mot « cabourne ».
Une découverte généalogique éclairante
Une trentaine d’années plus tard, dans le cadre de mes recherches généalogiques pour explorer mes origines et comprendre les ressentis qui m’ont toujours habitée, j’ai rencontré une arrière-cousine, Renée Vinet-Drilhon, à Marseille.
En comparant, croisant nos découvertes, j’ai eu l’incroyable surprise de découvrir que mes ancêtres, dont un certain Joseph-Ignace Guillotin, étaient des chanoines anoblis vivant dans un château à Barbezieux (plus détaillé ici). Guillotin, célèbre pour sa proposition humanitaire de la guillotine, a cherché à rendre les exécutions plus rapides et moins douloureuses pendant la Révolution française.
Les femmes érudites du 17ème siècle
Fait rare à l’époque, les femmes de cette lignée savaient lire le latin. En poursuivant mes recherches sur ce château, je tombe sur une vieille photographie d’un article montrant une chapelle privée, le château au centre et un arbre creux sur la droite. Le journaliste explique alors la signification de la « cabourne ». J’en suis tombée de ma chaise !
La peste noire et les cabournes
Au 17ème siècle, la peste noire ravageait le sud-ouest de la France. Il suffisait qu’une seule personne tombe malade pour que toute la famille soit expulsée de la ville. Beaucoup fuyaient vers les côtes atlantiques pour se nourrir.
Ma ville natale, Cognac (Charente), avait été mise en quarantaine pour protéger les habitants sains. Des mercenaires, sans foi ni loi, originaires de Cornouailles avaient été recrutés et traquaient les malades en les éliminaient, sans vergogne ni conscience.
Les parents, expulsés et désespérés, partaient chercher de la nourriture. Avant de partir, ils cachaient leurs enfants dans les cabournes, des arbres creux, en leur donnant pour consigne de ne pas en sortir jusqu’à leur retour.
Malheureusement, beaucoup de parents ne revenaient jamais, exécutés, laissant leurs enfants mourir de faim ou de froid.
Valider une intuition
Découvrir l’histoire des cabournes a été une révélation profonde pour moi. Ce vieux « souvenir » d’enfance, qui semblait irrationnel et inexplicable, a soudainement pris un sens clair et poignant. Ce que je percevais enfant n’était pas simplement une peur irrationnelle, mais peut-être un écho des tragédies vécues par mes ancêtres et/ou des êtres toujours en présence (à attendre leurs parents…).
Les cabournes, ces arbres creux utilisés pour cacher les enfants pendant les temps de peste noire au XVIIe siècle, étaient à la fois des refuges et des tombeaux.
Une connexion ancestrale profonde
En découvrant que mes ancêtres vivaient dans la région où ces tragédies se sont déroulées, j’ai ressenti une connexion profonde avec eux. Ce n’était pas juste une peur d’enfant, mais peut-être une mémoire ancestrale transmise à travers les générations. Les souffrances et les épreuves de mes ancêtres avaient laissé une empreinte, non seulement dans les récits historiques, mais aussi dans les ressentis et les intuitions des générations futures.
Comprendre l’histoire des cabournes m’a permis de mettre du sens sur une intuition profonde que je portais depuis mon enfance. Cela m’a apporté une paix intérieure et une meilleure compréhension de moi-même et de mon histoire familiale. Cette révélation a enrichi ma quête généalogique, me donnant des clés pour comprendre les peurs et les émotions qui m’habitaient depuis toujours.
En conclusion, découvrir l’histoire des cabournes a été bien plus qu’une simple découverte historique ; c’était une plongée dans les profondeurs de ma mémoire familiale, révélant des liens invisibles entre le passé et le présent. Cela m’a permis de comprendre que nos peurs et nos ressentis peuvent parfois être des échos des expériences de nos ancêtres, nous offrant une perspective unique sur notre propre existence.
Faut-il se faire accompagner pour aller mieux ?
Oui, il est généralement recommandé de se faire accompagner pour libérer les traumas transgénérationnels. Ces traumatismes peuvent être profondément enracinés et souvent inconscients, ce qui rend leur exploration et leur guérison difficiles sans aide extérieure. Un accompagnement professionnel peut apporter des outils, des perspectives et un soutien émotionnel essentiels pour naviguer ce processus complexe. Essayer de le faire seul peut non seulement être inefficace, mais aussi potentiellement accablant. C’est une preuve de sagesse et non de faiblesse de rechercher de l’aide pour ces questions profondes et délicates.
Et vous, avez-vous des souvenirs ou des intuitions qui semblent remonter à des vies antérieures ou à des expériences familiales passées ?
Je serais ravie de lire vos propres histoires et découvertes ! Partagez vos expériences dans les commentaires ci-dessous. Qu’il s’agisse d’une intuition inexplicable, d’un rêve récurrent ou d’une sensation étrange liée à un lieu ou à un objet, chaque histoire est unique et précieuse.
Pour celles et ceux qui souhaitent explorer plus profondément leurs racines et leurs vies antérieures, l’hypnose régressive quantique est une méthode idéale. Cette technique permet d’explorer des souvenirs enfouis, de comprendre les liens avec vos ancêtres et de découvrir les messages de votre subconscient.
Pourquoi essayer l’hypnose régressive quantique ?
- Explorer vos vies antérieures : Découvrez qui vous étiez et comment cela influence votre présent.
- Comprendre vos peurs et ressentis : Identifiez les sources de certaines émotions et certains comportements.
- Renforcer votre connexion avec vos ancêtres : Percevez les liens invisibles qui vous unissent à eux.
Partagez vos histoires et réflexions dans les commentaires. Avez-vous déjà ressenti des émotions inexplicables ou essayé l’hypnose régressive quantique ? Je suis impatiente de lire vos récits et de découvrir les chemins fascinants que vos mémoires familiales peuvent révéler !
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Categories:Poids
Merci d’avoir partagé cette histoire incroyable, qui montre qu’en tant qu’enfants, si nous écoutons notre intuition, nos sentiments et nos peurs sont souvent à l’origine de véritables traumatismes.
J’imagine la profonde angoisse que tu as dû ressentir chaque fois que tu devais attendre devant ces arbres.
Je m’étonne que tu aies prononcé ce mot sans jamais l’avoir entendu dans cette vie.
Cela me rappelle qu’enfant j’avais la phobie du noir et même de devenir aveugle et d’être enfermée dans le noir… et même adulte j’ai toujours peur du noir.
J’aime te lire, tu as un vrai talent (et pleins d’autres 🙂 !
Merci beaucoup chère Hélène pour ton message touchant et pour avoir partagé une partie de ton histoire personnelle. C’est vrai que les peurs et les intuitions de l’enfance peuvent souvent révéler des traumatismes profonds. La peur que tu décris est également très puissante et montre à quel point nos expériences d’enfance peuvent nous marquer durablement.
C’est incroyable de constater comment certaines peurs peuvent persister même à l’âge adulte, et c’est très courageux de ta part de les exprimer ainsi. Je suis heureuse que mes écrits puissent résonner en toi et que tu trouves du réconfort et de la compréhension à travers eux.
Merci aussi pour tes compliments. C’est toujours un plaisir de partager et d’échanger avec des personnes comme toi. N’hésite pas à continuer à partager tes réflexions et tes expériences. Elles comptent beaucoup.
Avec toute mon amitié et gratitude,
J’ai beaucoup aimé cet article, certains traumas sont si profonds que souvent, il est difficile de comprendre d’où ils viennent et c’est là que cela devient intéressant.
Avec l’accompagnement adéquat, il est possible de remonter à la racine d’une peur, angoisse et de s’en libérer en comprenant pourquoi (même si le trauma n’a pas directement été vécu par l’individu qui en ressent pourtant les effets). Sujet fascinant Merci beaucoup ✨.
Merci beaucoup Barbara pour ton commentaire chaleureux et ton appréciation de l’article. Tu as tout à fait raison, certains traumas peuvent être profondément enracinés et difficilement compréhensibles à première vue. C’est effectivement là que l’accompagnement adéquat joue un rôle crucial. Explorer ces traumas avec une approche holistique permet souvent de remonter à leur source, même si les événements traumatisants n’ont pas été directement vécus par la personne. Ta réflexion sur ce sujet est très juste et ajoute une dimension précieuse à la compréhension de ces processus. Merci encore pour ton partage et ton intérêt ! ✨
Voyage fascinant dans un sombre passé impactant le présent.
Sandrine, tu as une belle plume et tes autres textes sont poétiques, inspirants et nourrissent la flamme intérieure.
Merci 💥
Merci beaucoup Élémé pour tes mots chaleureux et ton soutien. Je suis ravie que mes écrits résonnent en toi et nourrissent ta flamme intérieure. Ton retour m’encourage à continuer à partager ces récits et à explorer de nouvelles facettes de l’âme humaine. Merci infiniment 💥.